ORDRE DU SAINT-ESPRIT - TEULET - 1888

Un texte téléchargé depuis le site de la Bibliothèque Nationale de France

Dernière pagePage suivante

LISTE CHRONOLOGIQUE DES CHEVALIERS DE L'ORDRE DU SAINT-ESPRIT.

DEPUIS SON ORIGINE JUSQU'A SON EXTINCTION, 1578-1830.

HENRI III, Instituteur de l'Ordre et premier souverain

RÈGNE DE HENRI IV

RÈGNE DE LOUIS XIII

RÈGNE DE LOUIS XIV, ROI DE FRANCE ET DE NAVARRE

RÈGNE DE LOUIS XV

RÈGNE DE LOUIS XVI, Roi de France et de Navarre

LOUIS XVII ROI DE FRANCE ET DE NAVARRE

LOUIS XVIII ROI DE FRANCE ET DE NAVARRE

CHARLES X ROI DE FRANCE ET DE NAVARRE

ÉTAT ACTUEL DES MEMBRES DE L'ORDRE DU SAINT-ESPRIT

LISTE CHRONOLOGIQUE DES CHEVALIERS DE L'ORDRE DU SAINT-ESPRIT

DEPUIS SON ORIGINE JUSQU'A SON EXTINCTION, 1578-1830.

L'Ordre du Saint-Esprit a été institué par Henri III, le 31 décembre 1578. Ce prince nous apprend lui-même, dans le préambule des statuts de l'Ordre, qu'il le plaça sons l'invocation du Saint-Esprit en mémoire des deux événements les plus importants de sa vie, arrivés la veille ou le jour de la Pentecôte, savoir son élection au trône de Pologne le 9 mai 1573, et son avènement au trône de France, le 30 mai 1574. De plus il est permis de croire que le discrédit dans lequel était tombé l'Ordre de Saint-Michel, prodigué par Catherine de Médicis pour se créer des partisans, suggéra au roi l'idée d'instituer un nouvel Ordre de Chevalerie qui devait avoir pour résultat de rallier autour de lui l'élite de la noblesse. Enfin plusieurs savants du nord de l'Europe pensent que l'Ordre du Saint-Esprit a été créé par Henri III en souvenir de l'Ordre de l'Aigle blanc dont il avait été grand maître pendant la courte durée de son règne en Pologne. Cette opinion nous paraît quelque peu hasardée. Quoi qu'il en soit, l'Ordre du Saint-Esprit a conservé jusqu'à la fin le plus vif éclat et il a toujours été mis sur le même rang que l'Ordre de la Toison d'Or en Espagne et celui de la Jarretière en Angleterre.

Les statuts de l'Ordre du Saint-Esprit se composent de quatre-vingt-quinze articles qui, à diverses époques, ont subi quelques modifications, mais toujours avec la plus grande réserve, et en se conformant aux délibérations du chapitre de l'Ordre. En voici le résumé:

Le Roi, grand maître de l'Ordre, était tenu de jurer à son sacre d'en maintenir tous les statuts. Pour être admissible, il fallait professer la religion catholique, avoir atteint l'âge de trente-cinq ans et faire preuve de trois quartiers de noblesse paternelle, sans compter le présenté. Les princes du sang pouvaient être reçus à l'âge de vingt-cinq ans, et même l'usage finit par s'établir de conférer le collier de l'Ordre aux membres de la famille royale aussitôt après leur première communion.

Dès l'origine le nombre des chevaliers fut fixé à cent, y compris les prélats et les grands officiers commandeurs, et non compris les étrangers.

Les prélats étaient au nombre de neuf, savoir: quatre cardinaux, quatre évêques ou archevêques et le Grand aumônier de France qui faisait toujours partie de l'Ordre. Ils étaient, ainsi que les grands officiers commandeurs, dispensés de faire leurs preuves de noblesse.

Les grands officiers commandeurs étaient:
Le chancelier-garde des Sceaux;
Le prévôt, maître des cérémonies;
Le grand trésorier;
Le secrétaire.

Il y avait en outre quatre officiers non commandeurs, attachés à l'Ordre, mais qui n'étaient pas compris au nombre des chevaliers et qui, comme nous le dirons tout à l'heure, portaient les insignes de l'Ordre d'une manière particulière. C'étaient:

L'intendant;
Le généalogiste;
Le héraut;
L'huissier.

Les promotions se faisaient, le plus ordinairement, dans l'église des Grands-Augustins de Paris, jusqu'en 1661, dans la chapelle du château de Versailles, à partir de 1686, et dans la chapelle des Tuileries sous la Restauration.

Le 1er janvier, le jour du sacre, la fête du Roi et la fête de la Pentecôte, étaient les principales époques des promotions. Tous les chevaliers, à l'exception des prélats, devaient avoir reçu l'Ordre de Saint-Michel avant celui du Saint-Esprit. Ils entouraient leurs armes des colliers des deux Ordres et prenaient le titre de Chevaliers des Ordres du Roi.

Le collier de l'Ordre du Saint-Esprit se compose de fleurs de lis et de trophées d'armes en or, d'où naissent des flammes et des bouillons de feu, et de la lettre H couronnée, accompagnée de la lettre L depuis Louis XIII.

La décoration consiste en une croix d'or à huit pointes pommelées d'or, émaillée de blanc sur les huit pointes, ayant une fleur de lis aux quatre angles. Au milieu est figurée une colombe, les ailes éployées en émail, de l'autre, l'image de saint Michel, or et émail. La croix des cardinaux et des prélats représente une colombe des deux côtés.

Les chevaliers portent cette croix attachée à un large ruban bleu céleste moiré, dit le Cordon bleu, passé sur l'épaule de droite à gauche en forme de baudrier. Elle est portée en collier par les ecclésiastiques, et en sautoir par les officiers non-commandeurs qui sont au service de l'ordre mais qui ne sont pas comptés comme chevaliers. Les chevaliers portent en outre la croix de l'Ordre brodée en argent sur le côté gauche de leur habit, avec une colombe au centre et les angles garnis de fleurs de lis.

Quoique l'Ordre du Saint-Esprit n'ait point été aboli lors de la révolution de 1830, il cessa de figurer dans l'almanach royal et aucune promotion n'ayant été faite depuis, on peut le çonsidérer comme supprimé à partir de cette époque. Cependant un petit nombre de chevaliers existent encore aujourd'hui, douze tout au plus en comptant les regnicoles aussi bien que les princes étrangers, mais comme ils n'auront pas de successeurs, il ne restera plus, dans un certain nombre d'années, que le souvenir de l'Ordre du Saint-Esprit qui a brillé d'un si vif éclat pendant près de trois siècles.

A. TEULET.

Dernière pagePage suivante