Musée de VERSAILLES : Salles des Croisades (1844)

Armes: blasons et parfois cimier, légende et devise, tenants et supports et autres ornements extérieurs.

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Annuaires (1843 - 1929) de la Noblesse de France par M. Borel d'Hauterive
Liste non exhaustive des noms et armes des croisés des sept croisades (renseignements historiques et blason - écu).
MUSÉE DE VERSAILLES - DESCRIPTION DES CINQ SALLES DES CROISADES

Introduction

Grande salle

§ 1. Écussons placés sur les piliers.
La série des 74 écussons de la grande salle commence au bas du pilastre engagé dans le mur à gauche en entrant, monte vers la voûte, couvre les quatre faces des deux piliers du milieu, et se termine au pilastre opposé.

§ 2. Écussons placés sur les frises.
Cette série commence sur la frise, à droite des portes de l'hôpital de Rhodes, fait le tour de la salle, et se replie ensuite sur elle-même pour courir sur toutes les frises des poutres qui divisent les plafonds en compartiments.

NOUVELLES SALLES DES CROISADES

Première salle carrée
La série des écussons commence à droite de la porte d'entrée par les cinq placés sur la frise auprès des fenêtres. Elle continue ensuite le tour de la salle, et a quatorze écussons sur chacune des trois autres frises; puis elle couvre le plafond d'une double rangée, composée de quarante écussons, ce qui fait en tout quatre-vingt-sept écussons. Les huit armoiries de la rosace du milieu ne font point partie de la série. Ce sont les armes des principaux chefs, répétées à titre d'ornement comme ceux du plafond de la grande salle.

Deuxième salle carrée
La disposition et le nombre des écussons dans cette salle sont les mêmes que dans la précédente.

Troisième salle carrée
C'est la dernière que l'on traverse, et celle par où l'on rentre dans la galerie de sculpture. La série des écussons commence au-dessus de la porte de sortie et fait le tour de la frise en finissant par celle qui est du côté des fenêtres. Il n'y a sur cette dernière que quatre écussons.

Quatrième salle carrée
C'est celle que l'on traverse en sortant de la grande salle. La série des écussons suit la même marche que dans la troisième, seulement il y en a cinq entre les fenêtres, ce qui fait en tout quatre-vingt-sept, comme dans les deux premières salles carrées.

CORRECTIONS ET NOUVELLES INSCRIPTIONS

La rapidité avec laquelle on exécuta le travail de la galerie des Croisades du Musée de Versailles dut entraîner infailliblement des inexactitudes et même des erreurs.

Nouvelles insertions. (Partie 1).

Nouvelles insertions. (Partie 2).

Introduction

Le Musée de Versailles renfermait des galeries de tableaux consacrés à représenter les batailles, les siéges, les principaux événements de l'histoire de France; à reproduire les portraits des princes, des grands officiers de la couronne, des vaillants capitaines, des magistrats et des prélats illustres. La gloire dont se couvrirent les chevaliers français dans les croisades, et l'influence importante qu'elles eurent sur le commerce, l'industrie, les sciences et la civilisation, assignaient dans le Musée une place d'honneur aux guerres saintes, épopée la plus chevaleresque et la plus dramatique de notre histoire.

Une grande salle située au rez-de-chaussée, à coté de la chapelle du château, fut donc réservée aux croisades dont une série de tableaux devait représenter les siéges, les combats et les principaux faits d'armes. On voulut en même temps arracher à l'oubli les héros et les grands personnages qui avaient pris part à ces expéditions glorieuses. Inscrire leurs noms sur des tables de marbre, c'était un moyen incomplet de perpétuer leur souvenir, car il faut parler aux yeux pour agir plus fortement sur la mémoire. Donner leurs portraits était chose impossible; à peine possède-t-on ceux de quelques-uns des princes et des chefs, et, presque toujours, ce sont bien plus des types de convention que la reproduction exacte de leurs traits. La seule chose qu'on pût joindre d'une manière authentique ou du moins presque certaine aux noms des seigneurs croisés c'était leur blason; car les familles de race noble ont généralement conservé avec soin, depuis les croisades, les signes héraldiques dont leurs ancêtres avaient fait choix. Il fut donc décidé que l'on peindrait sur des écussons les armoiries des seigneurs croisés et que leurs noms seraient inscrits au-dessous.

Dans l'exécution de ce plan, on limita les admissions aux personnages dont les noms se trouvaient rapportés soit par des écrivains dignes de foi, soit par des titres originaux et des cartulaires anciens. Les chroniqueurs contemporains des guerres saintes, Albert d'Aix, Raymond d'Agiles, Robert le Moine, Guibert de Nogent, etc., pour la première croisade; Odon de Deuil, pour la seconde; Guillaume de Tyr, pour l'une et l'autre; Geoffroy de Villehardouin, pour la quatrième; Joinville, pour la croisade de 1248, etc., furent considérés comme des autorités d'autant plus irréfragables qu'ils ne racontent que ce qu'ils ont vu ou ce qu'ils ont appris de témoins oculaires. On regarda aussi comme suffisants les témoignages des grands annalistes de nos provinces, tels que dom Vaissète, historien du Languedoc; Guichenon, de la Bresse; dom Morice et dom Lobineau de la Bretagne; dom Calmet, de la Lorraine; écrivains éclairés et consciencieux, dont les assertions reposent sur des titres authentiques; enfin l'on accrédita de même les preuves extraites des travaux de généalogistes graves ou officiels, d'André Duchesne, du P. Anselme, de Chérin; etc.

On rejeta au contraire, comme compilations trop récentes, le manuscrit de Bayeux, qui donne la liste et le blason des chevaliers français partis pour la première croisade; et l'Armorial du P. de Goussencourt, dans lequel ce religieux de l'ordre des Célestins, a rassemblé d'après les chroniqueurs contemporains et les cartulaires des églises, les noms et les armes des principaux croisés. Ces deux recueils, composés sans indication précise des sources, plusieurs siècles après les guerres saintes, n'offraient pas assez de garantie. Cependant, si l'on n'admit point leurs assertions comme preuves péremptoires de la présence d'un seigneur sous la bannière du Christ, du moins on les consulta pour le blason de ses armes, en leur donnant sur ce point la même autorité qu'aux armoriaux et aux nobiliaires antiques.

Les signes héraldiques attribués à l'écu de chaque seigneur n'étaient que d'une importance accessoire. Cependant il y avait des précautions à prendre dans l'intérêt de la vérité historique du travail. Les armoiries, adoptées à l'occasion des guerres saintes, ne commencèrent à prendre un caractère de stabilité et d'hérédité que vers la fin du XIIe siècle. Il est même à présumer que jusqu'alors beaucoup de familles nobles n'avaient point de blason. "Jusqu'environ l'an 1200, dit le P. Anselme en commençant la généalogie de la maison de Joyeuse, les noms furent peu fixes et les armes peu en usage, particulièrement dans les provinces éloignées."

On ne pouvait donc appuyer que sur des probabilités le choix des armoiries qu'on attribuait aux chevaliers pour les temps antérieurs à la troisième croisade, c'est-à-dire pendant toute la première moitié de l'épisode des guerres de la Palestine. Pour l'autre moitié, les modifications ultérieures qu'ont subies les armes des familles laissaient encore régner une grande incertitude. Les Montmorency, après la bataille de Bouvines, ajoutèrent douze alérions aux quatre qu'ils parlaient dans leurs armes; les Rohan n'eurent longtemps que sept macles d'or, au lieu de neuf; ce fut Charles V qui réduisit à trois les fleurs de lis dont était semé l'écusson roya1. D'après ces exemples tirés des plus puissantes maisons du royaume, il était naturel de conclure que les armes des autres familles avaient dû subir aussi des variations importantes. C'est en effet ce que sont venus souvent confirmer les vieux sceaux et les armoriaux antiques, lorsqu'on a pu recourir à de pareilles sources.

Pour remédier le plus possible à cette difficulté, il fut régler en principe qu'on s'en référerait au blason indiqué par le sceau le plus ancien ou par le document le plus contemporain de la croisade. En outre, à défaut d'éléments antérieurs au XVe siècle pour établir et justifier quel était l'écu de tel ou tel seigneur des croisades, on eut recours aux armoiries portées plus récemment par les maisons nobles.

On s'exposait par cette méthode à donner à un ancien chevalier le blason d'une famille nouvelle, qui, après s'être emparée du nom de ce chevalier, lui aurait alors en retour imposé ses propres armoiries. On décida que le droit d'admission ne pourrait appartenir qu'aux familles dont la noblesse, par titres authentiques, par jugement des intendants de province, par arrêt du conseil d'État, par les preuves de cour ou par la réformation de Bretagne de 1426, remontait au XIVe siècle. C'est ce qui a généralement fait croire que les preuves nécessaires pour l'admission dans la salle des Croisades étaient les mêmes que celles exigées autrefois pour les honneurs de la cour. Rien cependant n'est plus erroné, car deux points seuls sont à constater: 1° la présence du chevalier à la croisade; 2° le blason que, suivant toute présomption, il avait dû porter.

On divisa les écussons en deux séries. Ceux de la première furent rangés comme à une place d'honneur; sur les piliers qui partagent la salle transversalement. On les réserva pour les noms et les armes des princes souverains ou des seigneurs les plus puissants et les plus illustres. Cette série renferme soixante-quatorze écussons appartenant à une cinquantaine de maisons, dont quatre ou cinq seulement existent encore.

L'autre série, placée sur les frises, contient deux cent quarante-deux écussons, dont une cinquantaine portent le nom et les armes de familles encore existantes.

Enfin des armoiries ont été peintes sur les boiseries du plafond. Ces écus, sans inscription, sont ceux des principaux chefs des Croisades, déjà représentés sur les piliers, et qui se trouvent répétés là sans classification, sans ordre, à titre de simple décoration.

Peu de personnes avaient été instruites des travaux qui s'exécutaient dans la grande salle des Croisades. Lorsque ces travaux furent terminés, et que la galerie fut ouverte au public, beaucoup de familles, dont les ancêtres avaient figuré dans les guerres saintes, s'empressèrent de faire valoir leurs droits à l'admission de leur nom et de leurs armes. Une découverte vint encore augmenter le nombre des demandes. Dans un cabinet de vieux titres on retrouva une collection d'actes originaux relatifs aux croisades, et qui constataient de la manière la plus irrécusable la présence des aïeux de nos vieilles maisons nobles sous la bannière du Christ.

Ces actes étaient pour la plupart des emprunts contractés par des seigneurs qui accompagnèrent les rois Philippe-Auguste et Richard-Coeur-de-Lion en Palestine, l'an 1190, et qui, ruinés par la longueur du siége de Saint-Jean-d'Acre, furent contraints d'emprunter de l'argent aux marchands de Pise et de Gènes, soit pour continuer la guerre, soit pour regagner l'Occident. Quelques autres étaient datés du camp devant Damiette, et avaient été passés l'an 1218, dans des circonstances analogues. D'autres enfin appartenaient à la première croisade de saint Louis, et avaient été passés, soit à Limisso, où la flotte avait été obligée de relâcher; soit en Égypte, où les revers de la Massoure avaient jeté les seigneurs croisés dans la détresse ou dans les fers.

Les emprunteurs donnaient aux usuriers italiens, pour sûreté de leurs créances, la garantie d'un ou deux de leurs compagnons d'armes, ou celle du chef sous la bannière duquel ils combattaient; quelquefois aussi ils engageaient leurs joyaux, leurs armes, leurs étendards, leur butin futur, ou les biens qu'ils avaient en Europe.

Ces titres d'emprunt provenaient, selon toute apparence, des archives de la compagnie de Saint-Georges, qui furent en partie pillées lors de l'occupation de la Ligurie par les armées de la république française; et ils s'y trouvaient déposés parce que, lors de la création de cette compagnie, les principaux négociants qui en furent les fondateurs transportèrent au siège de la société leurs papiers et leurs anciens titres de créances.

Pour faire droit aux réclamations, dont le nombre ne tarda pas à égaler celui des admissions déjà faites, il fallut disposer d'autres emplacements pour recevoir une troisième série d'écussons. On traverse deux pièces carrées avant d'arriver à la grande salle, d'où l'on sort par deux autres pièces en retour adossées aux premières. Les frises et les plafonds de ces quatre petites salles, qui ne devaient d'abord contenir que des tableaux, furent réservés aux inscriptions nouvelles. On ferma la galerie, et les travaux recommencés en 1841, ne furent terminés qu'au mois de juin 1843.

Nous allons donner ici la description de ces cinq salles, contenant ensemble six cent soixante-trois écussons, et nous rapporterons, autant que possible, à quelles maisons ils appartiennent et quels titres ont été fournis pour leur admission.