BOREL D'HAUTERIVE : Histoire des armoiries des Villes de France

Armoiries, armes, blason, écu: dessin réalisé avec Euralsuite.
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ALENÇON

ARMES: d'azur, à l'aigle éployée d'or.

Les armes de la ville d'Alençon se trouvent blasonnées, comme nous le faisons ici, par l'abbé d'Expilly, dans son Dictionnaire géographique des Gaules. Ce sont celles qui avaient été enregistrées dans l'Armorial général de 1696, recueil officiel dressé sous la direction de d'Hozier. Seulement l'aigle éployée y est dite aigle à deux testes; ce qui est la même chose exprimée en termes moins techniques. L'ouvrage intitulé: Le département de l'Orne archéologique et pittoresque, décrit ces armes: d'azur, à l'aigle d'or, à deux têtes et au vol éployé; explication encore plus incorrecte que la précédente.
Odolant Desnos (Mémoire historique sur la ville d'Alençon) affirme que l'ancien sceau de cette cité reproduisait ses armes: de sinople, à l'aigle d'or, au chef d'azur semé de fleurs de lis d'or, sans nombre.

Quoique M. Canel, dans son Armorial de la province de Normandie, se prononce pour cette dernière explication héraldique, parce que, dit-il, Odolant Desnos est un historien exact et qu'il devait avoir vu le sceau, nous pensons que la substitution du sinople à l'azur du champ est le résultat d'une erreur. Les mots sans nombre, ajoutés après ceux semé de fleurs de lis d'or, ne forment-ils pas en outre un pléonasme grossier?
Pierre Delaplanche, auteur d'une description des provinces et villes de France restée manuscrite, donne pour écu à la ville d'Alençon: d'azur à l'aigle d'or, au vol abaissé, becqué et membré de gueules. Ce blason ne diffère du véritable que par le vol abaissé attribué à l'aigle, qui devrait être éployée, c'est-à-dire à deux têtes, circonstance où elle a toujours les ailes étendues.
On a pris quelquefois pour les armes de la ville celles du duché d'Alençon, apanage des princes du sang de la branche de Valois, qui était: de France, à la bordure de gueules, chargée de huit besants d'argent.

Histoire

Cité pour la première fois au début du VIIIème siècle, comme chef-lieu d'une partie du pagus Oyimensis (pays d'Eymes), Alençon ne tarda pas à prendre une réelle importance, (au Xème siècle, sous Yves de Creil, qui est la souche des comtes héréditaires d'Alençon). Plusieurs fois prise, dans les siècles suivant, par les ducs de Normandie, et par les rois Normands et Angevins d'Angleterre, Alençon conserva ses comtes particuliers jusqu'en 1220, date de sa réunion au domaine royal. Prise deux fois par les Anglais pendant la guerre de Cent ans (1417 et 1444), cette ville fut, au XVIème siècle, le siège de la cour de Marguerite d'Angoulême, soeur de François 1er, qui laissa le protestantisme s'y implanter ; aussi fut-elle très discutée entre les deux parties pendant les guerres de religion. En 1793, Cadoudale et Frotté, ravagèrent ses environs, et Marceau en expulsât les chouans. La 16 janvier 1871, Alençon fut prise par le grand duc de Mecklembourg, après deux jours de combat.